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Finance

Pourquoi la liquidité des ETF obligataires est en retard par rapport à celle du marché sous-jacent

Les ETF obligataires sont aujourd’hui omniprésents. Ils permettent d’accéder facilement à toute une gamme d’obligations : bons du Trésor américains, dettes à haut rendement, obligations des marchés émergents… Vous pouvez acheter ou vendre ces fonds d’un simple clic, comme une action. Tout semble rapide et efficace.

Mais en coulisses, les ETF obligataires fonctionnent très différemment des ETF actions. Et l’un des aspects les plus importants — et souvent mal compris — est la liquidité. Voici pourquoi ce décalage existe, comment il affecte les transactions et ce que cela implique pour les investisseurs qui utilisent les ETF obligataires pour leur portefeuille.

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Comment fonctionnent les ETF obligataires — et pourquoi la liquidité est différente

Pour bien comprendre comment acheter des obligations, il faut aussi savoir comment les ETF obligataires fonctionnent. Ces produits suivent des paniers de titres à revenu fixe. Mais contrairement aux ETF actions, dont les composantes se négocient en continu sur les bourses publiques, les obligations sont moins liquides et plus difficiles à valoriser en temps réel.

Dans l’univers obligataire :

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  • La plupart des obligations se négocient de gré à gré (OTC), pas en bourse.
  • Les prix sont souvent basés sur des cotations de courtiers, pas sur des ordres visibles.
  • Certaines obligations ne sont presque jamais échangées après leur émission.
  • Les risques de crédit, de duration et les expositions sectorielles varient fortement.

Résultat : même si l’ETF est coté en continu, ses actifs sous-jacents peuvent ne pas bouger du tout pendant plusieurs heures. Ce décalage de valorisation est au cœur du problème de liquidité.

À quoi ressemble le « retard de liquidité » en pratique

Prenons un ETF sur des obligations d’entreprise investment grade. Il se négocie toute la journée avec un spread serré. Tout semble liquide.

Mais en réalité, les obligations dans le panier peuvent ne s’échanger qu’une ou deux fois par jour. Et en période de stress ? Les courtiers se retirent, les acheteurs disparaissent, et la liquidité se fige.

L’ETF continue d’afficher un prix — mais ce prix repose sur des estimations, pas sur des transactions réelles. Cela crée une décorrélation entre le prix de l’ETF et la valeur réelle de ses actifs (la NAV).

C’est l’illusion de la liquidité.

Le rôle des AP (Participants Autorisés) et du marché primaire

La liquidité d’un ETF dépend du mécanisme de création/retrait via les participants autorisés (AP) — souvent des banques ou market makers.

En temps normal, ces AP :

  • Arbitrent les écarts entre le prix de l’ETF et sa NAV
  • Créent ou rachètent des parts pour maintenir l’équilibre
  • Fournissent un lien entre l’ETF et le marché obligataire réel

Mais lorsque la liquidité obligataire se détériore, les AP se retirent. Ils ne peuvent plus sourcer ou valoriser efficacement les obligations. Résultat :

  • Les spreads de l’ETF s’élargissent
  • Les erreurs de suivi (tracking error) augmentent
  • La liquidité perçue disparaît

Études de cas : quand la liquidité des ETF se désagrège

Mars 2020 (crise du COVID)

Les marchés obligataires gèlent. Les ETF comme LQD ou HYG affichent des décotes importantes par rapport à leur NAV.

Octobre 2022 (crise des retraites au Royaume-Uni)

Les obligations longues chutent, les ETF britanniques se décorrèlent, les spreads s’envolent.

Début 2023 (volatilité liée aux hausses de taux)

Même sans crise, de fortes hausses de taux déclenchent un stress temporaire. Les ETF semblent soudain « moins liquides ». À chaque fois, l’illusion de stabilité se brise — pas à cause de l’ETF lui-même, mais de l’illiquidité des obligations qu’il détient.

Pourquoi cela compte pour la construction de portefeuille

Les investisseurs comptent souvent sur les ETF obligataires pour :

  • Générer un revenu régulier
  • Exposer leur portefeuille à la duration
  • Servir de couverture en cas de chute des actions
  • Se positionner tactiquement sur le crédit, les émergents ou les obligations municipales

Mais si la liquidité de l’ETF disparaît en cas de stress, ces objectifs échouent. Un ETF obligataire est un instrument dérivé, pas juste un véhicule passif. Il vous expose à :

  • La liquidité du marché primaire
  • Les comportements des market makers
  • Le risque de spread
  • Le risque de décorrélation entre prix et valeur réelle

Comment vous protéger quand vous utilisez des ETF obligataires

  1. Analysez la liquidité réelle des actifs sous-jacents: Ne vous fiez pas uniquement au volume de l’ETF. Étudiez la liquidité moyenne des obligations détenues.
  2. Évitez les ordres au marché en période volatile: Utilisez des ordres limites quand les spreads s’élargissent.
  3. Surveillez les écarts entre prix et NAV: Des écarts persistants indiquent un marché disloqué.
  4. Divisez vos ordres si vous traitez des montants importants: Pour éviter de provoquer un glissement ou de subir des spreads excessifs.
  5. N’utilisez pas les ETF obligataires comme équivalents de cash

Ils peuvent se comporter comme des instruments stables — jusqu’à ce qu’ils ne le soient plus.

Conclusion : Ce que vous voyez n’est pas toujours ce que vous obtenez

Les ETF obligataires sont des outils puissants. Mais leur liquidité n’est pas automatique. Le marché des obligations est opaque, lent, et segmenté. En surface, l’ETF semble liquide. Mais quand la tension monte, ce n’est pas l’ETF qui casse — ce sont les obligations sous-jacentes. Et c’est à ce moment-là que les vrais risques apparaissent.

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